Sherry Farrell Racette

La première fois que je suis allée en Europe pour visiter des collections muséales, j’ai été renversée par l’incroyable volume de matériel culturel de tous les coins du monde. Je cherchais « nos choses » et je les ai trouvées. Quand je suis rentrée, ce qu’on me demandait d’abord, c’était si je les avais ramenées. Difficile d’expliquer, surtout aux personnes plus âgées, pourquoi je n’avais pas pu le faire. Je ne pouvais pas me l’expliquer à moi-même. Un jour où je me sentais frustrée, je me suis dit qu’il n’y avait qu’un seul moyen de récupérer nos choses et c’était si ces femmes, les artistes, allaient les chercher là-bas. Ces femmes sont mes « super-héroïnes », et ma vengeance imaginaire. Nos ancêtres survolent l’océan, envahissent les musées et reprennent ce qui nous appartient. Elles font sauter les portes du musée, jettent leurs robes de coton et récupèrent leurs tenues traditionnelles. Chaque robe qui figure dans le tableau est une robe authentique d’une collection muséale. Une fois que j’ai eu terminé, je me suis sentie beaucoup mieux. À travers cette œuvre, j’avais repris nos choses. Je les avais rapatriées.

– Sherry Farrell Racette